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Que se cache t-il derrière ce mot ?
Derrière le mot trahison il y a l’abandon, la cessation de fidélité à quelqu’un, d’appartenance à un groupe, un clan, une famille.
Trahir les siens, abandonner ses proches, ignorer l’absolue nécessité de tendre la main, trahir l’engagement donné, trahir sa confiance. Derrière la blessure de trahison on retrouve intrinsèquement liée la blessure d’abandon.
Etymologiquement trahir vient de « tradere » qui veut dire en latin : faire passer, livrer. Par extension on peut dire que trahir signifie abandonner, dénoncer, déserter. On retiendra cette idée qui est de passer d’un camp ami à un camp ennemi. Le verbe tradere en français est à l’origine d’un autre mot « tradition ». Mais quel lien entre toutes ces significations ?
Qu’est-ce qui pousse l’homme à trahir son prochain, son ami, son ennemi ? Est-ce la réponse à une situation qui se retrouve dans une impasse, ou simplement parce qu’il est plus simple de s’interroger sur notre absence de lâcheté ?
Trahir c’est briser la fidélité qu’on oppose à la trahison, c’est briser notre lien d’appartenance à la structure familiale, c’est s’opposer à notre échelle de valeurs, c’est déconstruire cette représentation sociétale inculquée par notre environnement, héritage puissant mais impalpable qui nous soumet dès la naissance à d’importantes contraintes de développement.
Être loyal implique d’adopter les attentes du groupe, et un comportement conforme. Nous sommes la résultante de notre histoire, de notre passé, mais exister c’est transformer ce que nous sommes en un futur à inventer.
Devenir soi-même c’est abandonner ce que l’on a été, c’est se recréer une nouvelle identité, c’est introduire une nouvelle mobilité de l’image parentale. A l’inverse, la névrose c’est rester figé dans la répétition de notre relation aux parents.
Être loyal envers soi avant de l’être avec l’autre, accepter les différentes raisons des trahisons qui jalonnent notre existence, c’est affronter nos souffrances pour s’accomplir dans une nouvelle vie. Mais c’est à chacun (e) de se demander jusqu’où peut nous mener cette loyauté, et si elle demeure nécessaire et vitale à notre équilibre.
Si la loyauté c’est trahir, alors oui la trahison nous impose de rester loyal.